Il y a trois livres dont j’ai eu la bêtise de ne pas encore vous parler. Trois livres qui ont pour personnage principal New York. Trois livres qui donnent la même envie : bondir sur un siège d’avion et se laisser aller en 6 heures flâner du côté de Manhattan, Harlem et Brooklyn. Á défaut de vous envoyer un billet pour JFK, je vous invite à vous caler dans votre fauteuil et à vous laisser embarquer par l’une de ces histoires ; et même les trois. Bonne nouvelle, pas besoin d’attacher votre ceinture, ni d’enregistrer vos bagages, aujourd’hui New York vient à vous ; Bon voyage.
New York Fantasy, Olivier Jacquemond
Quitter les lumières de Paris pour intégrer celles des bars de Brooklyn. Quitter une vie qui n’en est pas une, pour une vie que l’on invente. Quitter une famille absente pour mieux la retrouver à 6 000 kilomètres. Eric, qui veut changer de vie au point de changer de nom une fois serveur dans le dernier quartier à la mode, trouvera à New York Léonard Cohen et un peu de lui. Il trouvera aussi l’inattendue amitié d’un écrivain ex-critique de rock qui a bien connu Cohen et va l’aider dans sa quête d’identité après le décès de son trop discret de père. Un premier roman lucide, grinçant et jouissif dans le New York post 11-Septembre, sur un air de de l’envoutant Léonard.
Et que le vaste monde poursuive sa course folle, de Colum McCann
Dans ce dernier roman, Colum McCann (Zoli, Le danseur) nous ramène à un New York oublié, alors que les tours jumelles sortaient à peine de terre et ne pensaient pas à tomber. Dans un New York où des personnages qui n’ont rien en commun finissent par se croiser, s’aimer ou s’entretuer alors qu’un homme marche dans le ciel. 1974, un Français, Philippe Petit, marche sur un fil (un câble pour être exacte) attaché entre les tours pas encore ouverte au public. Cet homme-oiseau un peu fou permet ainsi au vaste monde une pause de 45 minutes avant de reprendre sa course folle et aux multiples personnages de s’entrechoquer, que ce soit une mère éplorée sur la Ve Avenue, une prostituée mère-enfant à Harlem, un prêtre Irlandais qui n’est plus entièrement d’accord avec ses vœux et son dieu ou un couple d’artiste en mal de tout. Tout va mal pour aller mieux ou quand l’espoir et le renouveau surgissent du défi d’un homme en équilibre sur un fil.
Exit le fantôme, Philip Roth
Nathan Zuckerman est incontinent et impuissant. Je sais pour les fans du héros de Philip Roth, ça peut être un choc. Mais ce double problème le fait justement sortir de sa tanière et revenir dans sa ville, New York. Quelques pas dans Manhattan, un diner dans son restaurant italien préféré, une petite annonce plus tard et le voilà déjà prêt à échanger sa maison avec un jeune couple d’écrivain. Là dessus, il retrouve une femme qu’il avait croisée une seule fois il y a plus de quarante ans et un jeune loup biographe qui veut déterrer de l’oubli le mentor de Zuckerman. Pour ne pas simplifier ce retour en fanfare, l’écrivain se prendra au jeu d’un désir fou et inconsommable pour la jeune femme à qui il va prêter sa maison. Sous fond de réélection de Bush fils et post 11-septembre, le dernier opus de Roth confirme qu’il est un des maître de la littérature contemporaine américaine. Mais ça on le savait déjà.
Et j'ajouterais à ce beau trio, Jay McInerney, Moi tout craché, aux Editions de l'Olivier...
RépondreSupprimerDites Mlle A., on retournera manger des bagels chez Jo ?
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