vendredi 29 mai 2009

Vues parisiennes. Parapluie rouge

Un parapluie rouge qui s'envole en plein mois de mai ?
Une vache, la fleur au museau ?
Chevauchée par un joli squelette blanc très connu des rues parisiennes?
Levez la tête ce week-end et suivez-les... FCS en reparle la semaine prochaine, promis.
Un indice: la vache trotte sur un mur du 20e.

mercredi 27 mai 2009

Manchester United en haut de l’affiche



Une fois n’est pas coutume, c’est bien de foot dont je vais parler le long de ces quelques lignes.
Je ne ferai pas de chroniques footballistiques dans ces pages mais aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire pour le foot européen. C’est LA finale. Manchester United VS Barcelona. Une affiche que tous les amateurs du ballon rond espère pleine de beaux jeux, de petits et grands ponts, de passements de jambes, de dribbles, de buts… mais aussi de tirages de maillots, de tacles par derrière très limite, de buts refusés, de fautes dans la surface de réparation. Un match comme celui-ci, c’est aussi et surtout un stade qui gronde, qui se soulève et qui piétine, qui s’impatiente, qui râle, qui hurle, qui pleure, qui s’embras(s)e.

Alors comme beaucoup, je ne pourrais être dans le stade romain (romain, comme « Rome », la ville italienne; c'est une ville neutre qui doit accueillir la finale) qui accueille cette 54e finale de la Ligue des champions, ni à ses abords, ni à Manchester et ni à Barcelone, je serai dans un bar. Ce genre de bar où la bière coule à flots, où les chips sont grasses et pas très bonnes. Où, malgré les multiples écrans accrochés aux quatre murs, on est obligés de demander au mec de devant de pousser sa grosse tête. Le genre de bar où on finit quoi qu’il arrive debout et surexcité au bout de 10 min de jeu. Le genre de match où l'on devient apatride le temps de 2x45min + prolongations ; mais prêt à tuer pour le club de son choix. Pour moi cela sera Bar-ce-lo-na !

Pour celles, et ceux, qui ne sont pas très portés sur le foot, même le temps d’une soirée bières-potes-finale de la coupe des champions, vous pouvez toujours être dans les couleurs RED du jour et suivre l’effervescence du moment avec le dernier film de Ken Loach, Looking for Eric.

Sélectionné lors du dernier Festival de Cannes, qui vient de s’achever, ce film raconte l’histoire d’Eric Bishop, postier à Manchester. Dans une mauvaise passe, ce dernier ne se raccroche à rien pour remonter la pente, pas même les soirées foot avec ses potes pour soutenir leur équipe : Manchester United.
Un soir, un peu plus éméché que les autres, il s’adresse à un poster à de son joueur favori, Eric Cantona (rien de moins), qui a la bonne idée d’apparaître juste derrière ! L’ancien capitaine aidera alors le postier anglais à reprendre sa vie en main, séance de jogging à l'aube compris !

Aujourd’hui sera donc rouge (couleurs de Manchester) ou ne sera pas ! De mon côté, je repousse la séance ciné à ce week-end mais je ne manquerai pas de vous en faire part ! Les bruits de couloirs au goût de pop corn, sont déjà très élogieux envers le film.

Ps : Pour la petite histoire, Steve Evets (Eric Bishop dans le film) ne savait pas avant le tournage de la première scène qu’Eric Cantona jouait son propre rôle… A l’écran, sa surprise, lorsqu'il voit apparaître le King, est bien réelle !

mardi 26 mai 2009

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows




Ce livre c’est d’abord un titre : Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates. Drôle, original, qui vous interpelle et vous aguiche d’un reflet de couverture pour vous emmener très loin. Un titre qui donne faim… même d’épluchures de patates ! On a alors instantanément envie de le prendre, de le serrer fort contre soi et de courir s’installer pour le découvrir. Ouvrir la première page et se couper du reste.

Ecrit sous forme épistolaire, Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, se lit d’une traite. Surtout d’une traite. L’écriture est simple (et c’est tout sauf péjoratif), pleine d’humour et de sentiments. Les personnages deviennent très vite des amis, que l’on aimerait croiser lors d’une promenade sur cette île que l’on connaît à peine. L’héroïne, Juliet, nous prend la main et nous fait sauter à pieds joints sur l’île de Guernesey (îles anglo-normandes, au large de Saint-Malo). Elle est journaliste-écrivain, elle est trentenaire et non mariée, elle n’a pas de chat mais elle balance des théières à la tête des gens qu’elle n’aime pas. Délicieux.



Lors d’une tournée dans les librairies du pays pour promouvoir son livre de chroniques londoniennes de guerre, Juliet reçoit une lettre d’un habitant de cette île pratiquement inconnue (ou pour son statut de paradis fiscal). Celui-ci a un livre qui lui a appartenu et souhaite trouver d’autres ouvrages de l’auteur et lui demande son concourt. S’en suivra une correspondance rapidement amicale et la découverte d’un loufoque mais non moins sérieux cercle littéraire, celui des amateurs de tourtes aux épluchures de patates. Juliet tombera rapidement sous le charme du cercle et de ses membres. Elle finira par se rendre sur place et par comprendre la souffrance des habitants de l’île sous l’occupation, elle qui avait si bien compris celle des habitants de Londres. Elle y trouvera d’ailleurs matière à un deuxième livre en partant à la découverte de cette île pleine de merveilles et de gens atypiques. De rencontres en surprises, de balades en tea time, d’histoires en lettres, on suit avec voluptés les chroniques de Juliet et de l’île, qui deviennent rapidement qu’une seule et même chose.





Par ailleurs, je suis obligée de vous mettre en garde. Ce livre peut avoir des effets nocifs sur votre vie sociale. Une fois ouvert, impossible de le refermer. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit dimanche dernier. Ouvert en début d’après-midi, à l’ombre d’un cerisier en fleurs et en fruits, il a fallut qu’un frisson me parcoure l’échine avant que je ne m’aperçoive que le jour déclinait. J’ai donc terminé ma patate littéraire à la lumière de mon salon et fait sauter la séance ciné.


Ps : Pour la petite histoire à la Stieg Larsson (auteur de la trilogie Millénium), Marie Ann Shaffer est décédée juste après avoir su que son livre, co-écrit avec sa nièce, allait être édité. Née en 1935, elle était bibliothécaire et libraire aux Etats-Unis. Si elle ne peut voir le succès de son livre, je souhaite à celui-ci le même parcours que celui de son homologue suédois.

dimanche 24 mai 2009

Le fond du verre





Ah les restaurants chinois… Les nems enroulés dans la salade avec une feuille de menthe, les nouilles sautées au poulet, le porc au caramel et le riz cantonais. Et puis la fin du repas, les petites serviettes blanches, brûlantes et parfumées. Enfin l’addition et surtout, le verre de saké ! Seul petit verre où l’on regarde le fond avec l’œil coquin. Les hommes auront généralement une beauté asiatique les seins pointés en avant, les jambes écartées, le sexe complètement épilé. Les filles auront, elles, un homme bien souvent noir (le fantasme de l’homme noir au gros sexe est vraisemblablement arrivé jusqu’au pays de Mao), une érection qui en dit long et la pose qui suggère « viens par là chérie chérie ». Parfois, c’est un couple, nu, qui simule l’acte au milieu de notre petit verre de toutes les couleurs. Puis une fois le liquide nettoyeur de boyaux avalé, on oublie les gens au fond.

Ce n’est pas le cas d’Etienne Müller (Stéphan Guérin-Tillie). Lui au fond de son verre à saké, il reconnait sa fiancée, nue dans une pose très suggestive et accompagnée, le jour de son enterrement de vie de garçon. Le choc passé, il va demander des comptes à sa belle, qui s’enfuit ! Lu Ming Chen (Xin Wang) est une jeune femme d’origine chinoise dont son fiancé ne connait rien, ni du passé et ni de l’environnement familiale. Etienne va alors nous entrainer dans une quête à travers le Paris chinois, dans le XIIIe arrondissement surtout, à la recherche de sa fiancée.
Emmanuel Sapolsky, le réalisateur, nous prend la main et nous traine dans un Paris loin des clichés romantiques des histoires d’amour habituelles ; un Paris aux néons rouges et accents d’Asie ; un Paris caché et souterrain dont la culture et les coutumes viennent d’ailleurs. Chaque image a son sens, chaque image est jolie. Les scènes des trois épisodes de cette mini-série (les deux premiers sont déjà passés sur Canal + les deux derniers lundi en deuxième partie de soirée) sont très graphiques, très étudiées mais surtout très contemporaines et actuelles. Le réalisateur connait ce Paris multiculturel et nous emmène avec lui le temps d’une ballade un peu particulière, à la recherche d’une jeune femme en froid avec sa famille à cause d’une vie trop « française ». Aussi parce qu’elle se retrouve malencontreusement au fond du verre à saké. En faisant tout pour la retrouver, Etienne se heurtera à une culture qui le dépasse. Il tentera de passer outre mais sera obligé d’apprendre pas à pas pour retrouver Lu Ming. Il rencontrera sa famille, dont Boramy Tioulong en mère alcoolique formidable, se brouillera avec son meilleur ami et associé, Anthony Kavanagh en homosexuel maniéré et québécois, et croisera des personnages très hauts en couleurs comme le jeune collectionneur de verre à saké qui arrive pédalant un pousse-pousse dans un parking mal éclairé. On ne sait pas si l’on doit sourire ou craindre quelque chose. On aimerait garder cette image en photo. Dans la cuisine.



La fille au fond du verre à saké est une trilogie. Elle est la quatrième édition de La nouvelle trilogie, un programme qui donne l’occasion à de jeunes et nouveau réalisateurs de montrer leur talent. Quelle bonne idée d’avoir donné cette occasion à Emmanuel Sapolsky de nous pousser dans ce monde sino-parisien, malgré une certaine appréhension. Cependant c’est sans regrets que l’on plonge dans ce bain particulier et inconnu, avec plaisir même et on va jusqu'à en redemander !
Pour connaître le fin mot de cette quête de vérité et d’amour, rendez-vous demain soir sur canal + à 22h30. Moi je serai dans mon fauteuil. Et vous ?

mardi 19 mai 2009

Un don, Toni Morrison




Il y a des livres que l’on juge à la dernière page. Un avis tranché donné alors que l’on referme l’ouvrage. Avec Un don, c’est tout le contraire. D’ailleurs je ne l’ai même pas fini pour écrire ces quelques lignes. Car pour une fois, peut importe la fin, ce sont les moyens pour y arriver qui comptent. Et quels moyens !

Une écriture, fine et ciselée, qui nous emmène sans fioritures sur un bateau XIIe en direction des rivages encore sauvages de l’Amérique. Une terre où les premiers colons font déjà du commerce d’hommes et de femmes, souvent venus d’Afrique. Une histoire de terre, de femmes, de ferme. L’histoire d’une jeune fille noire, Florens, qui tente de comprendre le message virtuel de sa mère alors que celle-ci l’a abandonnée à un homme blanc, Jacob Vaark, des années plus tôt. Le propriétaire terrien pense que cette petite fille remplacera celle que sa femme et lui ont perdu. Il pense aussi que construire des demeures de plus en plus grandes remplacera la perte de ses enfants. Peine perdue. L’homme n’est cependant pas comme les autres hommes de son époque et les trois femmes qui travaillent pour lui, sont plus servantes qu’esclaves. L’enfant, devenue jeune fille, doit retrouver seule le forgeron dont elle est éprise pour sauver sa maitresse.

L’écrivain américain, prix Nobel de littérature en 1993, emporte chaque personnage vers son destin de façon naturelle mais sans légèreté, sans raccourcis et ni embellissements. Elle entraine cette histoire de terre nouvelle du côté des femmes. Et chaque personnage est juste. Rebekka, épouse aimante et mère sans enfant, venue d’Angleterre à 16 ans prendre pour époux un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle lutte contre une fièvre que seul le forgeron pourra sauver. Lina, domestique, mère d’adoption de Florens dès son arrivée, pilier de la maisonnée, redoute un futur sans maîtres. Sorrow, l’incomplète, fuit par les autres. Et Florens, la jeune, l’amoureuse. L’espoir.

Toni Morrison revient aux racines avec ce dernier ouvrage. Racines d’un pays et de ses blessures les plus profondes, aves les prémices de l’esclavage. Racines au sens littérale avec la terre, encore vierge, pleine, rouge. Racines de l’homme, de la civilisation, de la vie.

Et maintenant, je vais m’installer bien au fond de mon fauteuil, parfaitement callée, presque recroquevillée. Et je vais finir ce livre si juste, comme un don fait au lecteur. Merci pour lui, merci pour nous, Miss Morrison.

dimanche 17 mai 2009

Tada !

Il y a un début à tout. Les premières pages d’un livre neuf que l’on ouvre pour la toute première fois. Le grain de la page prêt à nous délivrer ses secrets. L’encre sèche mais encore fraîche. Le bruissement des pages, le léger craquement de la couverture. Craquements d’un cuir tendu aussi. Un autre grain sous la peau, parfois lisse, un peu rugueux. Se demander vingt fois, trente fois, quelques fois bien plus, où installer son fauteuil club. Dans le salon dos à la télé, dans la chambre où il finira sous une semaine de vêtements non rangés, dans la cuisine pour poser les courses, dans l’entrée ou proche d’une fenêtre côté sud pour profiter des premiers rayons estivaux. Un fauteuil qui n’aurait pas encore pris la forme du corps, qui n’aurait pas encore les stigmates d’un objet vivant. Pas de griffes, pas de coups, ni de marques. Pas d’odeurs de fumée froide, pas de brûlures de café renversé.


Première gorgée d’un café américain, forcément brûlante. Première bouchée d’une part de lasagne préparée maison, d’un biscuit au chocolat un peu spongieux, d’une tartine de pain frais beurrée et recouverte de confiture à la myrtille. Plaisir identique à l’excitation d’entrer dans un restaurant pour la première fois, de découvrir avec attente la carte. Choisir une entrée qui permet d’aller doucement vers le plat. Et jeter un coup d’œil rapide à la page des desserts. Se laisser guider pour la carte des vins. Un blanc, ni trop sec, ni trop fruité. Le strident mais plaisant tintement des verres qui trinquent à la suite du repas. Et la première bouchée, attendue, impatiente, décevante ou pleine d'espoir. Celle qui augurera la suite du repas, voire même du moment.


Moments égoïste, solitaire, à partager, à plusieurs. Instantanée de la vie, de la rue, des salles obscures, des salles au rideau rouge et lourd, salle d’expositions où parfois l’animation n’est pas sur les murs. Quelques fois il y aura des murmures et des jolies notes, mais surtout des mots.


Fauteuil Club Sandwich tentera d’être tout cela à la fois.