samedi 27 février 2010

La mode livre VS La mode film


La mode la mode la mode. Un mot, un déterminant féminin. Six lettres un espace, sept caractères, pour le pire et le meilleur. Si peu de chose pour le show, pour la beauté, le style, une ligne, un clin d’œil de paupières cerclées à eye-liner (siglé YSL). La mode c’est un peu la guerre en version chic, brossée dans le sens du poil angora. Avec ses blessés, ses généraux morts au front, comme Alexander McQueen il y a peu, et ses héros à qui on donnera le nom à un pont dans vingt ans. Et oui qui sait, peut-être habiterez-vous au 67 avenue Karl Lagarfeld 75008 ou prendrez l’avion à l’aéroport Roissy-Christian Dior. La mode inspire tous les jours et tout le monde. La preuve dans le match du jour, arbitré depuis mon Fauteuil. Un livre VS un film. Un seul gagnant, pas de match nul. Le premier est écrit par Marc Lambron, journaliste et écrivain. Spécialiste mode de plusieurs médias, il a écrit les confessions d’un créateur star plus vrai que nature dans La théorie du chiffon. Le deuxième est réalisé par Tom Ford, créateur star et réalisateur. Celui qui a remis James Bond à quatre épingles  chic a conçu un premier film qui se déroule dans les années 1960 à Los Angeles, A single man.

mardi 23 février 2010

Je sape donc je suis (épisode 1)


Rouge, jaune, bleu électrique, vert, rarement noir et parfois marron, rayures verticales ou carreaux écossais, soyez méfiants, jamais plus de trois couleurs à la fois. La veste ajustée en demi-dakar, le cigare en accessoire obligatoire, les sapeurs défilent et mettent la rue à leurs pas bien chaussés. Qui ? Les sapeurs ! Vous les avez déjà aperçus du côté de Château-Rouge, dans le métro, à exhiber leur dernière pièce. Les sapeurs s’habillent classe et c’est rien de le dire. Loin d’être du folklore pour faire rire les gens qui se cachent derrière des fringues grises anthracite, noires ou bleues marine, la Sape est un vrai phénomène culturel et sociologique, la veste jacquard en étendard, et se parle avec délectation. Ces jolis dandys en multicolore font partie de la Sape, la Société des ambianceurs et personnes élégantes, un mouvement venu du Congo jusque sur les boulevards parisiens.

La Sape remonte à plusieurs décennies lors des premiers passages à Paris des Congolais qui sont revenus à Brazzaville habillés à l’occidental et ont montré leurs habits dans la rue. A l’occidental mais à un détail près : les pièces ramenées sont siglées Kenzo, Ferragamo, Hugo Boss ou Smalto. Quant aux chaussures, direction le saint des saints, Weston. « La » Chaussure certifiée par le mouvement. Les « Parisiens » reviennent au Congo avec les nouvelles pièces, en ramènent à ceux qui ne font pas le voyage, puis vient le temps des défilés dans la rue, « qui bloquent parfois les rues au point que tout le monde ne peut que les regarder, comme un spectacle par l’habit et les postures prises des sapeurs », raconte Baudouin Maounda, jeune photographe Congolais très prisé qui à consacré une série à la Sape (exposé en ce moment au musée Dapper, Paris 16e).

vendredi 19 février 2010

Tous les Algériens sont des mécaniciens


Cette chronique théâtre sera une injonction : annulez tout le reste et précipitez-vous au théâtre des Bouffes Parisiens. Simplement épatant. Franchement formidable. Drôle, fin, léger et grave, gai, élégant, plein de malice et parfois d’ironie, la pièce enchante et touche tant par l’écriture du texte, la mise en scène que dans le jeu de Fellag et Marianne Epin. Qui ont d’ailleurs respectivement écrit et mis en scène ce bijou. Tous les Algériens sont des mécaniciens de Fellag est une merveille. Histoires de la vie, de leur vie, de la rue et de mécaniques racontées avec délectation par ce couple algérien au temps des retours en arrière quand il y en a plus à raconter qu’à vivre (couple algérien sur scène, et couple mixte dans la vie). Cette pièce a le bon goût de nous emmener loin de Paris quelques instants, dans un bidonville plein de soleil d’Alger, linge étendu entre les immeubles et sur scène.

Ne vous en faites pas, point besoin de savoir à quoi sert un carburateur ni quand on doit changer les bougies d’une voiture pour comprendre toute la finesse de cette pièce mécanique. Tous les Algériens sont des mécaniciens revient par tableau sur la vie de Salim et Shérazade, anciens Intendant général et professeur de français dans un lycée, sur la vie Algéroise après 1962, sur la vie d’une Mercedes rouge, la débrouille au quotidien de cette classe moyenne et la « fuite des cerveaux par les tunnels ». Cette pièce est comme ces taxi-drivers d’Alger qui « conduisent d’une main et raconte de l’autre », mélancolique et à la fois très enjouée. Elle dessine la société algérienne d’aujourd’hui et m’a encore donné plus l’envie d’aller visiter ces terres. Elle m’a surtout donné envie de la faire partager, et si FCS doit servir à l’unique chose de vous faire vous déplacer voir cette fabuleuse pièce, j’en serai heureuse et aurait gagné mon pari. Emmenez vos grands-parents, vos parents, vos collègues, trouvez les pires prétextes pour trainer vos amis aux Bouffes Parisiennes, ils vous en remercieront. J’aurai aimé y emmener une personne, mais cela ne se peut ; ça m’aura au moins donné une très jolie occasion de penser à lui et de croire combien il aurait aimé cette pièce. Vraiment, croyez-moi et laissez-vous entrainer par les mots si plein de magie, de légèreté, de malice de Tous les Algériens sont des mécaniciens.



Tous les Algériens sont des mécaniciens
Jusqu’au 30 avril 2010
4 Rue Monsigny
Paris 2e





Crédit photo (2e paragraphe) Théâtre des Bouffes Parisiens_Serge Kadoche

lundi 15 février 2010

Dans les pas de Lisette Model


Quelques pas. Quelques pas pour traverser la place de la Concorde ; quelques pas en noir et blanc. Paris et New-York, mêmes mouvements. A partir des années 1930, Lisette Model (dont je vous annonçais l’exposition en début d’année) photographie des visages, des reflets, des pas. Elle commence par les quais parisiens, puis la déjà célèbre Promenade des Anglais de Nice, où elle photographie l’oisiveté de la « French Riviera ». Lisette Model se fixe sur les passants, les anonymes et surtout leur visage et leurs attitudes corporelles. C’est à la fois très discret et voyeur, comme si l’on surprenait ces hommes et femmes en plein relâchement. Parce que la photographe ne fait pas poser ses modèles, elle les surprend, les capte, les prend sur le vif, très proche, « pour éviter les déformations ». Lisette Model met en avant les détails, les mouvements que l’habitude de voir fait disparaitre. Elle nous montre ces détails comme elle les découvre elle-même pour la première fois, et nous les pointe du doigt : « ouvrez les yeux, vous passez à côté de moments qui méritent votre attention. »

mardi 9 février 2010

Un pti tour dans les bayous de La Nouvelle-Orléans


Août 2005, fin de l’été et pleine saison des ouragans. Katrina dévaste La Nouvelle-Orléans. Images de film de sciences-fictions bien réelles. Le chaos en direct. Des centaines de victimes, directes ou indirectes, des déplacés presque déportés, des hommes et femmes sur le toit de leur maison ; parmi eux Zola Jackson. Institutrice presque à la retraite, accompagnée de sa chienne Lady, elle a refusé d’évacuer de Big Easy (« la grosse facile » surnom due à une vie culturelle riche ancienne et vibrante, mais aussi à des mœurs légères) et de laisser sa maison. Zola en a vu d’autres. D’autres tempêtes, d’autres bouleversements, d’autres cataclysmes. Alors elle s’accroche, à sa demeure, ses malheurs et ses Miller. Zola Jackson alterne tempête et flash-backs à diverses moments de la vie de l’institutrice. Et si Katrina détruit la Louisiane et a ensevelie la ville du jazz, une autre tempête a déjà traversé la vie de Zola Jackson, tout autant dévastatrice.

mardi 2 février 2010

Lily et Braine, Christian Gailly


Un livre coup de poing sous fond de jazz sulfureux. Le dernier roman de Christian Gailly (Be-bop, Un soir au club) pourrait se résumer ainsi. Quelques mots qui vous suffiraient pour courir acheter ce livre incroyable,  Lily et Braine,  l’emprunter, le voler, le dévorer ; arrêter de respirer. Et être dans le même l’état dans lequel revient Braine de la guerre, en apnée, dévasté, en dehors de la réalité. Il reprend une vie normale qui ne lui convient qu’à moitié, grâce à la force de sa femme, Lily. Puis, comme certains rencontrent le diable à un carrefour auquel ils vendent leur âme pour du blues, Braine rencontre au bord de la route Rose Braxton, « standard des années 1950 qui joue son personnage de femme fatale avec les clichés qui vont avec » qui va faire revenir Braine à sa vraie vie, le jazz.