dimanche 24 mai 2009

Le fond du verre





Ah les restaurants chinois… Les nems enroulés dans la salade avec une feuille de menthe, les nouilles sautées au poulet, le porc au caramel et le riz cantonais. Et puis la fin du repas, les petites serviettes blanches, brûlantes et parfumées. Enfin l’addition et surtout, le verre de saké ! Seul petit verre où l’on regarde le fond avec l’œil coquin. Les hommes auront généralement une beauté asiatique les seins pointés en avant, les jambes écartées, le sexe complètement épilé. Les filles auront, elles, un homme bien souvent noir (le fantasme de l’homme noir au gros sexe est vraisemblablement arrivé jusqu’au pays de Mao), une érection qui en dit long et la pose qui suggère « viens par là chérie chérie ». Parfois, c’est un couple, nu, qui simule l’acte au milieu de notre petit verre de toutes les couleurs. Puis une fois le liquide nettoyeur de boyaux avalé, on oublie les gens au fond.

Ce n’est pas le cas d’Etienne Müller (Stéphan Guérin-Tillie). Lui au fond de son verre à saké, il reconnait sa fiancée, nue dans une pose très suggestive et accompagnée, le jour de son enterrement de vie de garçon. Le choc passé, il va demander des comptes à sa belle, qui s’enfuit ! Lu Ming Chen (Xin Wang) est une jeune femme d’origine chinoise dont son fiancé ne connait rien, ni du passé et ni de l’environnement familiale. Etienne va alors nous entrainer dans une quête à travers le Paris chinois, dans le XIIIe arrondissement surtout, à la recherche de sa fiancée.
Emmanuel Sapolsky, le réalisateur, nous prend la main et nous traine dans un Paris loin des clichés romantiques des histoires d’amour habituelles ; un Paris aux néons rouges et accents d’Asie ; un Paris caché et souterrain dont la culture et les coutumes viennent d’ailleurs. Chaque image a son sens, chaque image est jolie. Les scènes des trois épisodes de cette mini-série (les deux premiers sont déjà passés sur Canal + les deux derniers lundi en deuxième partie de soirée) sont très graphiques, très étudiées mais surtout très contemporaines et actuelles. Le réalisateur connait ce Paris multiculturel et nous emmène avec lui le temps d’une ballade un peu particulière, à la recherche d’une jeune femme en froid avec sa famille à cause d’une vie trop « française ». Aussi parce qu’elle se retrouve malencontreusement au fond du verre à saké. En faisant tout pour la retrouver, Etienne se heurtera à une culture qui le dépasse. Il tentera de passer outre mais sera obligé d’apprendre pas à pas pour retrouver Lu Ming. Il rencontrera sa famille, dont Boramy Tioulong en mère alcoolique formidable, se brouillera avec son meilleur ami et associé, Anthony Kavanagh en homosexuel maniéré et québécois, et croisera des personnages très hauts en couleurs comme le jeune collectionneur de verre à saké qui arrive pédalant un pousse-pousse dans un parking mal éclairé. On ne sait pas si l’on doit sourire ou craindre quelque chose. On aimerait garder cette image en photo. Dans la cuisine.



La fille au fond du verre à saké est une trilogie. Elle est la quatrième édition de La nouvelle trilogie, un programme qui donne l’occasion à de jeunes et nouveau réalisateurs de montrer leur talent. Quelle bonne idée d’avoir donné cette occasion à Emmanuel Sapolsky de nous pousser dans ce monde sino-parisien, malgré une certaine appréhension. Cependant c’est sans regrets que l’on plonge dans ce bain particulier et inconnu, avec plaisir même et on va jusqu'à en redemander !
Pour connaître le fin mot de cette quête de vérité et d’amour, rendez-vous demain soir sur canal + à 22h30. Moi je serai dans mon fauteuil. Et vous ?

1 commentaire:

  1. Bon alors bien sûr j'arrive après la bataille mais qu'importe ce film a l'air bien sympa... J'adore ton entrée en matière ! J'ai l'impression que tu sais comment susciter mon intérêt !!

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