mardi 24 novembre 2009

Les autres


L’histoire de Les autres c’est celle d’un homme, tout ce qui a de plus normal en apparence. Il s’avérera être raciste. Un vrai un pur un dur, d’autant plus qu’il ne pense pas l’être. L’histoire d’un Français moyen en 1967, qui se retrouve dans le premier tableau victime de préjugés de la part de son patron et dont la propre femme finira par se méfier. Dans le deuxième, en vacances en famille, il se croit victime d’escroquerie, finira par insulter son hôte, et de se retrouver lui-même être pris pour l’imbécile. Et enfin le troisième tableau, un texte très violent. Un texte qui va loin, trop loin, à la limite de l’acceptable comme le geste qui l’accompagne. Un texte parfaitement joué par Daniel Russo, avec la conviction et le courage qu’il faut pour le faire. Rendre le texte convaincant sans être convaincu mais pointer du doigt ceux qui se reconnaîtront, même un tout petit peu, ou par accident, voilà toute la difficulté de ce texte.



Ecrit par Jean-Claude Grumberg, Les autres met mal à l’aise. La violence verbale est gratuite sans vraiment d’histoire, ni de trame. C’est peut-être ce qui dérange lorsque l’on sort du théâtre des Mathurins, cette violence sans vraie histoire. Malgré un très bon jeu des acteurs, une mise en scène particulière mais plutôt agréable, et le racisme pointé là où il fait mal, celui de tous les jours, qui s’insinue dans les faits simples de la vie quotidienne, il n’y a pas vraiment de scénario qui mette un cadre à ce racisme exacerbé. Ce n’est pas comme dans American history x, où le scénario se prête à un racisme très violent puis à une explication et enfin à une rédemption. Dans Les autres, il n’y pas d’histoire de fond, donc pas d’explication, et le racisme devient naturel. Même si la pièce se déroule en 1967, elle aurait toute sa place aujourd’hui. Nos hommes politiques, la police sont parfois à la limite et souvent dépasse la frontière imaginaire des mots mal placés, de la xénophobie... Les mots, les phrases qui paraissent anodins, les « d’où tu es ? » et les regards en coin banaux, mais ce n'est pas le cas, rien n'est "normal" dans ces cas-là. Les autres ne parlent pas vraiment des autres, mais de ceux qui sont en face ; nous.


Ps : Si vous avez raté ce très bon article du Monde… "Moi, Mustapha Kessous, journaliste au "Monde" et victime du racisme". Edifiant. Ici.

Les autres
de Jean-Claude Grumberg, avec Daniel Russo, Evelyne Buyle...
jusqu'au 31 janvier 2010
Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
Paris 8e

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