En retraçant le combat d’un père décédé trop jeune, Saïd Mahrane revient sur une réalité historique bien peu connue : les porteurs de valises à Paris. Fin des années 1950, les petites mains algériennes de l’économie française ne se battent pas fusils au poing pour l’indépendance mais valises au bout du bras. Le FLN s’organise à Paris afin de lever les cotisations des travailleurs pour la cause et la guerre qui se joue de l’autre côté de la Méditerranée. Mohamed Mahrane a une vingtaine d’année et veut voir son pays libre. Alors il passe des enveloppes, se cache et cours sur les toits du IIIe arrondissement au besoin, la peur et la foi en une bonne cause nouées au ventre.
1991, Saïd, son fils, se fait traiter de harki au collège; sans savoir de quoi il en retourne vraiment, il se sent insulté. Le père commencera alors à dévoiler à son fils son passé de résistant. Petit à petit, soir par soir, montrant fièrement ce papier jaunâtre estampillé FLN-fédération de France qui reconnait officiellement son ancien statut de moudjahid, il se raconte. Mais un dimanche, Mohamed Mahrane ferme les yeux pour ne pas les rouvrir, ses souvenirs partis avec lui.
Vingt ans plus tard, et aujourd’hui journaliste, Saïd Mahrane reprend l’enquête. Une enquête historique et paternelle qui l’emmène, et le lecteur avec, du IIIe arrondissement jusqu’en Algérie. De rencontres en récits, il prend possession de l’histoire de ces hommes et femmes qui portent en eux celle de son père, sans nostalgie ni pathos. L’auteur, qui verse parfois dans l’auto-fiction, nous entraine chez Marcel dans le IIIe, à Gennevilliers ou à Alger. Ses espoirs de retrouver son père dans ces multiples récits sont les nôtres ; ses désillusions aussi. Un joli récit d’une plume qui n’a pas toujours assez confiance en elle (à tord), pleine d’histoires et d’Histoire.
Un jour, quand j'aurai le courage de me retrouver face à lui pour faire une interview, eh ben je ferai une interview de Saïd Mahrane, sur ce très beau livre, sur son enquête et sur l'après et les retombées. En attendant, si vous avez des questions à lui poser, envoyez-les moi et je lui poserai.
Et sinon, en version un peu différente de celle-ci : critique du livre sur Evene
Un jour, quand j'aurai le courage de me retrouver face à lui pour faire une interview, eh ben je ferai une interview de Saïd Mahrane, sur ce très beau livre, sur son enquête et sur l'après et les retombées. En attendant, si vous avez des questions à lui poser, envoyez-les moi et je lui poserai.
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