jeudi 21 octobre 2010

L’insomnie des étoiles, Marc Dugain

Rentrée littéraire/ 6

Que font les étoiles lorsqu’elles ne dorment pas ? Elles regardent le monde. Et fin 1945 en Allemagne, ce n’était pas joli-joli à voir. Ouvertures des camps, découverte d’un génocide, villes éventrées de part et d’autres des frontières, terres et vies ravagées. Des images à vous filer des insomnies, même aux étoiles. Marc Dugain  raconte L’insomnie des étoiles d’un village allemand qui semble ne pas avoir trop souffert de la guerre. Il nous raconte une jeune fille retrouvée presque morte de faim, dans la maison de son père parti au front. Il nous raconte un lieutenant français chargé d’occuper cette petite ville de province.

Le roman est construit en deux parties, presque distinctes avec cette jeune fille toujours au centre et à la fois terriblement à côté de cette histoire, comme si tout cela ne la concernait pas.  Ni la guerre, ni l’homme retrouvé calciné dans la cour de sa ferme, ni sa semi-détention par le capitaine Louyre. Ce capitaine français qui va mettre à mal -en le faisant sortir- ce village au visage flou. Visage obscur de cette guerre et de ses lois aryennes -race supérieure qui s’en prenaient non seulement aux autres (Juifs, Communistes, Manouches…) mais aussi à certains des siens.

L’insomnie des étoiles est un roman froid. D’une froide distance des sentiments, des mots choisis et presque des personnages pour un des passages les plus sombres de l’Histoire. Ce décalage, d’histoire et d’expressions, rend mal à l’aise lors de la lecture. On irait jusqu'à dire qu’on n’aimerait pas ce dernier opus de Marc Dugain (En bas, les nuages ou La malédiction d'Edgar). C'est ce que je pensais. Pourtant, depuis que j’ai refermé ce roman (quelques semaines déjà), l’histoire ne me quitte pas. Elle continue à me déranger. L’histoire de ce village, aux heures silencieuses et tragiques que les habitants taisent sans condamner me suit. Comme une révolte survenant 60 ans trop tard mais perpétuelle. C’est peut-être ça un grand roman, celui qui poursuit, qui nous gêne et nous fait poser des questions ; des questions sans réponses possibles.


La photo numéro 2 est de Cath. An. Photographies 2010 copyright. Retrouvez ses jolis travaux ici. 

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