mardi 12 octobre 2010

Jules et Marcel


Raimu et Pagnol, amis parce que trop affables et différents à la fois pour être autre chose, correspondaient. Pas d’e-mails ou de textos mal orthographiés mais des lettres coincées parfois sur les routes ; des encouragements déguisés en critiques acerbes, des tacles sous formes de compliments. Une amitié épistolaire qui dura de 1929 à 1946 (année de la mort de Raimu). Ces deux-là s’aimaient à leur manière, une affection profonde, pas celle remplie de non-dits et faux sourires, aux accents du sud et goût de Pastis. Jules et Marcel (Raimu et Pagnol) ont laissé des images de l’un que faisait parler l’autre mais aussi leurs lettres lues pour cette pièce au nom de leurs prénoms, par Philippe et Michel, Caubère et Galabru. Les deux tout aussi formidables que leurs ainés.


Sur la scène, ils sont plus côte-à-côte que face-à-face. Les mots de Jules et Marcel deviennent vivants après l’encre qu’ils ont couchés pour se raconter, raconter l’autre, se fâcher, se féliciter. Comme des fragments de vie et d’amitié qui ont muté d’un duo d’hommes disparus à un autre duo d’hommes sur les planches. La complicité des premiers se reflétant dans les yeux et gestes des deuxièmes. A voir absolument pour ceux qui les auraient ratés au théâtre Hebertot la saison dernière. Un moment d’homme à travers des lettres pudiques. Une histoire du cinéma français, de dialogues sur fond de Cannebière sur une scène parisienne. Un délice aux lueurs blanchâtres de l’anisette qu’on va déguster ensuite.

Jules et Marcel
Théâtre Marigny
Salle Popesco
Jusqu’au 31 décembre
Carré Marigny, Paris 8e

Légende photo: Pagnol et Raimu pour la "Trilogie marseillaise", Marius, Fanny et César.

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