Rentrée littéraire/1
Que dire à sa voisine lorsque le train s’arrête brusquement ? Quels sujets évoquer lorsque que l’on apprend que cet arrêt est dû à un incident de personne ? Que dire de soi ? Comment écouter quand on n’en a pas envie ? Comment ne rien dire ? Le narrateur d’ Incident de personne se confronte à ces questions dans le dernier train Paris-Nantes ; que dire lorsque sa vie est un chaos. Et qu'on ne veut même pas repartir de zéro. Le narrateur écrit pour les autres et à oublier de s'écrire lui-même; alors lorsqu'on lui raconte une histoire de vie brisée, de famille détruite avec une balle en héritage, il s'effondre. Ce train arrêté le ramène à une non-vie.
Le narrateur qui avait peur d’écouter, se retrouve à se raconter malgré lui. Pour que l’histoire qu’il a en lui s’échappe de ses entrailles ; presque de son âme. Une histoire de vie ratée, de morts, d’exil sur une île européenne presque inconnue. De guerre inconnue. De balle tirée à bout portant. Un récit mêlé de soliloques et de dialogues entre le narrateur et sa voisine aux deux écharpes, à la mèche qui s’échappe, à la peau qui parait douce. Des bruits du train, de voyageurs, de messages SNFC incomplets et de la nuit en fond sonore.
Eric Pessan tient son récit tout au long des pages même si il y a, parfois, quelques parties moins riches, parfois même relachées ce qui est dommage. Certains passages sont particulièrement durs, suspendus, le souffle court. J’ai particulièrement aimé que le narrateur –et sa voisine- n’ait pas de nom. La mise en scène aussi. Une histoire à raconter le temps d’un incident. Rien avant, ni après. Puis le train repart, le reste avec ; plus tout à fait comme au départ. A lire dans un train, évidemment.
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