mercredi 16 juin 2010

Le barbier et le Nazi, Edgar Hilsenrath


Livre ovni rempli d'insolence sorti en 1971 aux Etats-Unis, Le Barbier et le Nazi a attendu la fin des années 2000 pour être (enfin) publié en Europe, et notamment en Allemagne pays d’origine de l’auteur. Et encore, seule une petite maison d’édition d’outre-Rhin a bien voulu prendre le risque d’être politiquement incorrecte dans une Allemagne encore sensible sur l’histoire nazie et la barbarie antisémite qui l’accompagne. Car Le barbier et le Nazi n’est pas un livre tendre. Ça non. Mais carrément grinçant, ça oui.

Max Schulz, Allemand, fils sans père d’une mère prostituée et affublé d’un beau-père barbier-coiffeur sans talent et incestueux nous raconte. Un « je » né dans un quartier juif de Berlin, où il a pour meilleur copain le fils du voisin, également barbier-coiffeur, Itzig Finkelstein, Juif au look d’aryen, Itzig a la peau bien blanche, les cheveux blond et le visage d’ange prôné par un Adolf Hitler qui monte en force dans les sondages de cette Allemagne des années 1920. Max fait pâle figure à côté de son ami ; il ressemble aux dessins caricaturaux des journaux d’époque : Brun, yeux globuleux, nez et doigts crochus (je vous passe les détails sur « tout l’or du monde » et les complots divers et très variés). 1933, Hitler prend le pouvoir. Max s’engage dans les SS, devient surveillant dans un camp d’extermination, tue sans compter (sauf les balles) jusqu’au moment où il comprend que pour sortir de cette mauvaise passe nazie, et ne pas finir à Nuremberg et au procès du même nom, il faut ruser. Et quoi de mieux en 1945 pour s’échapper de l’Allemagne, des alliés, des représailles, quand on a en plus pas d’argent ? Se faire passer pour un juif ! Malin, l'aryen. Et pas n’importe lequel, Itzig Finkelstein, son ami. Ainsi, se fondre dans la peau de cet autre et devenir plus juif que juif.

Ce deuxième paragraphe se perd en longueur ; j’espère que je ne vous y ai pas perdu. Mais pas simple de planter le décor de ce roman écrit par un Juif Allemand à la plume caustique et cinglante. Pas simple comme sujet dans une Europe qui ne plaisante pas encore avec son histoire sanglante du XXe siècle. Un livre tenu du début à la fin, à la force de l’écriture cynique d'Egdar Hilsenrath. Le barbier et le Nazi ne tombe pas dans la facilité et vous arrachera même des sourires telle une bonne blague juive. Plein de force, de sarcasmes et de scènes crues. Âmes sensibles et bien attachées, surtout ne pas s’abstenir.


PS : Je profite de cette chronique littéraire pour vous remercier. Bah oui, ça parait un peu bête comme ça mais chers fidèles du Fauteuil, Le barbier et le Nazi fête la centième chronique de FCS et si vous n’étiez pas là, elle non plus n’y serait pas, ni le reste. Mille mercis de la part Fauteuil Club Sandwich, et surtout de moi, pour vos lectures, vos petits mots, vos recommandations, vos critiques en tout genre, votre présence silencieuse et invisible à travers un écran. A bientôt pour la millième.

3 commentaires:

  1. Joyeuse 100ème!!! ca se fete... A quand l'apéro FCS??

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  2. To Mlle MB: Eh ben j'y pense figure toi!!! Mais je ne sais pas encore ni trop comment, ni quand, ni où... Toutes les idées sont bonnes à prendre, alors allez-y!
    PS: Par contre tu seras obligée de chanter! ;-)

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  3. Ha non c'est pas ma soirée... c'est celle de FCS!! par contre si avant notre prochain concert tu veux nous faire un ptit coup de pub en écrivant un ptit post à notre sujet...c'est avec plaisir ;)

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