Alice et Mad, c’est un peu les deux doigts de la main, amis depuis toujours, toujours là l’un pour l’autre et l’autre jamais très loin. Alors lorsque Mad demande Alice en mariage, c’est oui. Mais ici pas question de grande fête, de bouquet, ni d’amour ; d’alliance oui, mais d’un autre genre. Il est ici uniquement question d’amitié et de mariage blanc pour éviter à Mad, Français toujours mais sans-papier, une reconduite à la frontière. Alice et Mad, c’est un peu nous, nos questions, nos souvenirs et nos problèmes. Jusque dans nos bras est un livre générationnel qui fera dire aux ados d’aujourd’hui qu’on est nous aussi des vieux cons. Tant pis. On a 25 ans et on assume puis on sourit à la justesse du texte et au plaisir de sa lecture grâce au procédé littéraire de la jeune écrivain, Alice Zeniter, qui a répondu à mes questions, dans un fauteuil (une banquette) de La fourmi ailée.
Fauteuil Club Sandwich/ Vous avez écrit un roman, Jusque dans nos bras, sur l’amitié avec pour paysage urbain les reconduites à la frontière des sans-papiers. Pourquoi ce thème ?
Alice Zeniter/ J’étais moi-même étrangère dans un pays, la Hongrie, quand j’ai écrit ce roman. Je voyais ce qui se passait en France de loin. A ce moment-là, l’actu c’était les arrestations des sans-papiers dans des lieux improbables comme la sortie de l’école ou à la soupe populaire et ça me paraissait incroyable vu de loin, comme des rafles.
FCS/ Dans le livre, la narratrice, Alice, épouse Mad, son meilleur ami pour qu’il ait des papiers français. Vous ferriez pareil sans hésiter ?
Alice Zeniter/ Pour un ami d’enfance, oui, mais le livre est un vrai roman, même si la narratrice s’appelle comme moi. Et je ne dis pas que le mariage blanc est la meilleure solution pour régler le problème des sans-papiers, je ne le pense même pas.
FCS/ Le livre est d’ailleurs entièrement écrit dans ce style, c’est celui que vous utilisez ?
Alice Zeniter/ Non, j’ai d’ailleurs mis un an à m’en débarrasser. L’écriture et le langage font partie intégrante de l’histoire. Qu’elle se fasse avec rythme effréné, rapide comme ce langage. Mais une fois que le rythme a été pris, c’était parfois difficile de le tenir sur toutes les parties narratives car ce côté « slam » ne s’applique pas partout.
FCS/ J’ai eu l’impression que vous aviez un regard très noir sur la génération des personnages, qui est aussi la notre. Que lui reprochez-vous ?
Alice Zeniter/ Rien et je n’ai pas l’impression d’être dure. C’est peut-être un peu comme les blagues communautaires, elles ne passent vraiment bien que lorsqu’elles sont racontées par quelqu’un de cette communauté. C’est pareil avec notre génération et le livre. Je suis la première concernée et la première sur la liste si je dis que c’est une génération de paumés et de petits cons. Moi, je la vois avec de la tendresse cette génération.
Et pour finir/
Alice Zeniter/
Un plaisir vautré/ Me faire les ongles de pied en regardant Dr House
Un plaisir littéraire/ Réussir un trouver un livre qui me fasse rire dans le métro
Un plaisir gourmand/ La glace à la mélasse
Un plaisir seule/ Me couper les cheveux en écoutant de la musique à fond, ce qui donne très souvent une coupe à la Jeanne d'arc...
Un plaisir accompagné/ Faire l'amour
La fourmi ailée
8 rue du Fouarre
Paris 5e
Alice Zeniter/ J’étais moi-même étrangère dans un pays, la Hongrie, quand j’ai écrit ce roman. Je voyais ce qui se passait en France de loin. A ce moment-là, l’actu c’était les arrestations des sans-papiers dans des lieux improbables comme la sortie de l’école ou à la soupe populaire et ça me paraissait incroyable vu de loin, comme des rafles.
FCS/ Dans le livre, la narratrice, Alice, épouse Mad, son meilleur ami pour qu’il ait des papiers français. Vous ferriez pareil sans hésiter ?
Alice Zeniter/ Pour un ami d’enfance, oui, mais le livre est un vrai roman, même si la narratrice s’appelle comme moi. Et je ne dis pas que le mariage blanc est la meilleure solution pour régler le problème des sans-papiers, je ne le pense même pas.
FCS/ Jusque dans nos bras est écrit dans une écriture et un langage très parlé, très « djeuns ». Pourquoi ce style ?
Alice Zeniter/ En Hongrie, j’ai découvert la littérature contemporaine française alors qu’ici je lisais surtout les classiques. Avec ces lectures, je me suis rendue compte que le ton et le style étaient exactement les mêmes aujourd’hui qu’il y a dix ans. Pourtant il y a une forte évolution du langage. J’ai donc eu envie d’inscrire le langage littéraire dans son temps, celui de 2010, parce qu'il n’y a pas de langage indigne de la littérature.
Alice Zeniter/ Non, j’ai d’ailleurs mis un an à m’en débarrasser. L’écriture et le langage font partie intégrante de l’histoire. Qu’elle se fasse avec rythme effréné, rapide comme ce langage. Mais une fois que le rythme a été pris, c’était parfois difficile de le tenir sur toutes les parties narratives car ce côté « slam » ne s’applique pas partout.
FCS/ Le titre, « Jusque dans nos bras », joue sur une dualité. A la fois sur le côté « bienvenue », très fraternel, accueillant, presque câlin et le côté Marseillaise (d’où est tirée la citation), et les paroles pas très « paix et amour » mais plutôt protégeons nos fils et nos compagnes des hordes de sans-papiers ?
Alice Zeniter/ Voilà c’est ça (rires). Au début j’avais choisi « Ou se taise à jamais » mais ça n’allait pas. Après des semaines de recherches et des listes de titres potentiels, j’ai fini par choisir celui là. FCS/ J’ai eu l’impression que vous aviez un regard très noir sur la génération des personnages, qui est aussi la notre. Que lui reprochez-vous ?
Alice Zeniter/ Rien et je n’ai pas l’impression d’être dure. C’est peut-être un peu comme les blagues communautaires, elles ne passent vraiment bien que lorsqu’elles sont racontées par quelqu’un de cette communauté. C’est pareil avec notre génération et le livre. Je suis la première concernée et la première sur la liste si je dis que c’est une génération de paumés et de petits cons. Moi, je la vois avec de la tendresse cette génération.
Et pour finir/
Alice Zeniter/
Un plaisir vautré/ Me faire les ongles de pied en regardant Dr House
Un plaisir littéraire/ Réussir un trouver un livre qui me fasse rire dans le métro
Un plaisir gourmand/ La glace à la mélasse
Un plaisir seule/ Me couper les cheveux en écoutant de la musique à fond, ce qui donne très souvent une coupe à la Jeanne d'arc...
Un plaisir accompagné/ Faire l'amour
La fourmi ailée
8 rue du Fouarre
Paris 5e
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