mardi 27 avril 2010

Détour par la Martinique en taxico'

« Hep, taxi ! On est huit… c’est bon ? » par Martin B.

Et si au lieu de vous embarquer dans un extraordinaire bouquin, un délicieux resto’ ou une expo’ surprenante, on vous faisait cette fois découvrir un lieu étouffant, à l’odeur de gymnase et au confort pour le moins sommaire ?
L’outremer français a ça de spécial que nous sommes là bas en France sans vraiment l’être. A Saint-Pierre-et-Miquelon, les températures estivales atteignent difficilement les 15°. A Mayotte, la population est à 98 % musulmane. Et en Nouvelle-Calédonie, nombreux sont ceux qui vivent encore en tribu. Quand on met le pied sur le sol martiniquais, on cherche pourtant ce qui différencie cette île d’un coin comme la Côte d’Azur : palmiers, plages, voitures tunées, longues artères touristiques...

Et puis, on cherche des transports en commun. En vain ! Du coup, il faut bien s’organiser pour aller bosser ou à l’université. Il y a quelques dizaines d’années, sur le modèle des îles anglaises de la Caraïbe, se sont alors créés des taxis collectifs, familièrement appelés "taxico’".
A Fort-de-France, en bord de mer, une ou deux centaines de ces minibus de 8 à 20 places attendent, à la queue leu leu. Chacun a sa destination affichée sur l’avant. Sous un soleil de plomb, des chauffeurs discutent, pour passer le temps. L’un d’eux m’aborde et me demande si je compte aller visiter la ville du Diamant, un des coins touristiques de la Martinique. Allez, pourquoi pas…

C’est donc là qu’on en revient à cette odeur de gymnase. Et à ce confort sommaire. Je m’installe timidement sur le siège le plus proche de la porte. Visiblement, le tissu a vécu. Quant aux ceintures, j’ai beau chercher à droite, à gauche, devant et derrière, ça ne sera pas pour cette fois. Trois étudiants sont déjà assis, casques dans les oreilles. Et on attend. 10, 15, 30 minutes… 1h… Le principe du taxico’ est en fait assez simple (simple ne signifie pas logique !) : il ne part que quand il est rempli. Ou presque. Il a donc fallu attendre que deux autres personnes embarquent pour que le chauffeur daigne allumer le moteur. Un jeune homme à ma gauche me glisse qu’il lui arrive de payer deux places pour démarrer plus vite.

On quitte donc la gare routière en direction du sud de la Martinique. Si les passagers semblent fatigués et à moitié endormis, le chauffeur est, lui, clairement en pleine forme, reggae local à fond les ballons. Le compteur affiche 80 km/h (nous sommes encore en ville). Et malgré les fenêtres ouvertes, il fait très chaud ! Et j’ai déjà mal aux fesses. Mais pour 3,50 € les 25 km… Un « Arrêt » vient de derrière ! C’est la condition pour sortir au prochain croisement. Ceux qui osent, qui payent ou qui connaissent le chauffeur se font déposer en bas de chez eux. Mais si les taxico’ sont si populaires, ce n’est pas seulement pour leurs tarifs abordables. En Martinique, les routes sont peu nombreuses… et les voitures inversement proportionnées. Conclusion : des embouteillages en permanence. Or, un taxico’, c’est l’assurance d’arriver rapidement à destination aux heures de pointe. Ca bouchonne sur plusieurs kilomètres ? Pa ni pwoblem (du créole), la bande d’arrêt d’urgence devient un couloir Delanoë.


Vous l’aurez compris, le taxico’ est indispensable à la vie martiniquaise. Au point qu’aujourd’hui, il fait partie du paysage. Et entrer dans cet engin supersonique a quelque chose d’excitant, malgré ses inconvénients. Je ne parle pas, bien entendu, de la mort frôlée à plusieurs reprises, mais de cette impression d’être entré dans le cœur de la Martinique. On y discute, on y refait le monde, on y parle football, politique ou musique, on se plaint, on rit, on chante ou on dort. Et même si on y crève de chaud et on y met notre fessier en péril, on y passe un très agréable moment. On y apprend la Martinique.


En bonus, un endroit à visiter en taxico’ : La distillerie de rhum Depaz, au pied de la Montagne Pelée (St Pierre), plus bel endroit de la Martinique. En taxico’, comptez 45min et 5€ depuis Fort de France et d’excellents souvenirs.



 Martin B. est journaliste-spécial îles et rêve de faire un reportage sur Saint-Pierre-et-Miquelon (mais chut, c'est un secret !), il aime le rhum et les Graffiti au chocolat mais ça existe plus. Vous pouvez entendre Martin sur RFO, sa radio, qui l’envoie sur des îles de rêves comme la Martinique ou la Réunion, d'où il vous fait croire qu'il travaille... Sachez que Martin est capable de retourner une île (Cuba) pour trouver un mini paquet de Dragibus à prix d’or et le partager avec vous, et ça c'est plutôt la classe. Pour d’autres aventures insulaires de Martin, écoutez-le ici, et en attendant merci à lui de nous avoir fait rêver en martiniquais sur FCS!

En double bonus et parce que vous avez été sages, ses photos de La Martinique.


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2 commentaires:

  1. A quelques exceptions près,je me revoyais au Sénégal où ces taxis existent aussi mais portent le nom de "taxi brousse" et où on attend pas une heure mais bien souvent une demie journée... au mieux! Je te conseille donc de mettre un jour le cap vers l'Afrique et ses longues heures d'attentes

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  2. En fait, ça n'a pas grand chose à voir avec les "taxis brousse"... en tout cas ceux de Mada' (peut être donc aussi ceux du Sénégal). Le taxi brousse, on s'entasse dedans... et les trajets sont bien plus longs ! En Martinique, les trajets sont courts et, surtout, il y a un nombre de places limité.
    Concernant l'attente, ça peut aller jusqu'à 5 ou 6 heures... mais rarement plus c'est vrai :)

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