mardi 2 février 2010

Lily et Braine, Christian Gailly


Un livre coup de poing sous fond de jazz sulfureux. Le dernier roman de Christian Gailly (Be-bop, Un soir au club) pourrait se résumer ainsi. Quelques mots qui vous suffiraient pour courir acheter ce livre incroyable,  Lily et Braine,  l’emprunter, le voler, le dévorer ; arrêter de respirer. Et être dans le même l’état dans lequel revient Braine de la guerre, en apnée, dévasté, en dehors de la réalité. Il reprend une vie normale qui ne lui convient qu’à moitié, grâce à la force de sa femme, Lily. Puis, comme certains rencontrent le diable à un carrefour auquel ils vendent leur âme pour du blues, Braine rencontre au bord de la route Rose Braxton, « standard des années 1950 qui joue son personnage de femme fatale avec les clichés qui vont avec » qui va faire revenir Braine à sa vraie vie, le jazz.

Lily et Braine se lit rapidement, avec l’intuition que la fin sera forcément dramatique, avec la respiration bloquée par un sentiment de panique. Bingo ! Accords de saxo, piano, contrebasse, le jazz revient bien plus vite qu’il n’était parti dans la vie de Braine. Il prend sans rechigner la sortie de secours entrebâillée par la sublime Rose Braxton pour fuir une vie un peu trop rangée et reprend ainsi du service musical. Á la question « Braine avait-il oublié qu’il était musicien de jazz ? », lors d’une soirée organisée par Transfuge et la librairie l’Arbre à lettres (le 29 janvier, à République), Christian Gailly, lui-même ancien musicien de jazz, répond pour son personnage mais aussi pour lui-même : « On ne peut pas oublier qu’on était musicien. On y pense plus mais on n’oublie jamais. Braine attendait que l’occasion se présente. Pour lui, c’est encore possible, mais plus pour moi. » Il ajoute : « Braine, c’est-à-dire moi, n’imaginait pas sa vie sans le jazz. Lui reprend la musique et moi je ne l’ai pas totalement arrêté puisque la musique est très présente dans mes livres. Cependant il lui fallait un prétexte : il vient sous le visage très hollywoodien de Rose Braxton. » Un prétexte que l’on s’imagine magnifique, ressemblant à  Lana Turner, pour une fin tragique.


Christian Gailly sera l’invité de François Brusnel, à La grande librairie sur France 5, le jeudi 4 février à 20h35.




Et en bonus tracks, Chet Baker. Même si Christian Gailly cite beaucoup Charlie "Bird" Parker, je préfère de mon côté la trompette de Chet. Fermer les yeux et laissez-vous aller quelques instants.


4 commentaires:

  1. Merci pour cette jolie chanson avant d'aller dormir!!
    Cela dit pour la lecture tu vas beaucoup trop vite pour nous... j'en ai déjà au moins trois de retard sur ton ceux qui m'ont plus dans ton blog!!!
    Bonne nuit...

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  2. Merci dame Lily !
    Je m'empare de ce livre dès que possible...
    Mlle V

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  3. Je viens de l'offrir à une amie avant de l'acheter pour moi. Quelle abnégation ! Entendu Christian Gailly un matin sur France Inter et depuis je ne pense qu'à dévorer cette fiévreuse histoire.

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  4. Je viens d'en terminer la lecture. L'écriture de Gailly a ceci de particulier, à mon avis, qu'elle nécessite plus d'une lecture pour être pleinement appréciée et sentie. Pour voir venir le "coup de poing" assené lors de la première traversée, justement.

    Je voulais aussi vous signaler une légère erreur : la légende de la photo indique "François Gailly" plutôt que "Christian".

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