mardi 19 mai 2009

Un don, Toni Morrison




Il y a des livres que l’on juge à la dernière page. Un avis tranché donné alors que l’on referme l’ouvrage. Avec Un don, c’est tout le contraire. D’ailleurs je ne l’ai même pas fini pour écrire ces quelques lignes. Car pour une fois, peut importe la fin, ce sont les moyens pour y arriver qui comptent. Et quels moyens !

Une écriture, fine et ciselée, qui nous emmène sans fioritures sur un bateau XIIe en direction des rivages encore sauvages de l’Amérique. Une terre où les premiers colons font déjà du commerce d’hommes et de femmes, souvent venus d’Afrique. Une histoire de terre, de femmes, de ferme. L’histoire d’une jeune fille noire, Florens, qui tente de comprendre le message virtuel de sa mère alors que celle-ci l’a abandonnée à un homme blanc, Jacob Vaark, des années plus tôt. Le propriétaire terrien pense que cette petite fille remplacera celle que sa femme et lui ont perdu. Il pense aussi que construire des demeures de plus en plus grandes remplacera la perte de ses enfants. Peine perdue. L’homme n’est cependant pas comme les autres hommes de son époque et les trois femmes qui travaillent pour lui, sont plus servantes qu’esclaves. L’enfant, devenue jeune fille, doit retrouver seule le forgeron dont elle est éprise pour sauver sa maitresse.

L’écrivain américain, prix Nobel de littérature en 1993, emporte chaque personnage vers son destin de façon naturelle mais sans légèreté, sans raccourcis et ni embellissements. Elle entraine cette histoire de terre nouvelle du côté des femmes. Et chaque personnage est juste. Rebekka, épouse aimante et mère sans enfant, venue d’Angleterre à 16 ans prendre pour époux un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle lutte contre une fièvre que seul le forgeron pourra sauver. Lina, domestique, mère d’adoption de Florens dès son arrivée, pilier de la maisonnée, redoute un futur sans maîtres. Sorrow, l’incomplète, fuit par les autres. Et Florens, la jeune, l’amoureuse. L’espoir.

Toni Morrison revient aux racines avec ce dernier ouvrage. Racines d’un pays et de ses blessures les plus profondes, aves les prémices de l’esclavage. Racines au sens littérale avec la terre, encore vierge, pleine, rouge. Racines de l’homme, de la civilisation, de la vie.

Et maintenant, je vais m’installer bien au fond de mon fauteuil, parfaitement callée, presque recroquevillée. Et je vais finir ce livre si juste, comme un don fait au lecteur. Merci pour lui, merci pour nous, Miss Morrison.

2 commentaires:

  1. Oui, très beau livre. J'imagine votre satisfaction en terminant ce livre parce que les dernières pages de ce roman sont de très haute volée.

    Bien à vous

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  2. En effet Gangoueus, la fin m'a ravie. Elle donne tout son sens au livre.
    Merci pour votre commentaire en tout et à bientôt sur FCS!
    AA

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