mardi 30 juin 2009

Rue des Martyrs, Patrick Eudeline


Le Drugstore Publicis. Ces deux mots ne veulent pas dire grand-chose pour la génération des 15-25 d’aujourd’hui, ni même jusqu'à 30. Juste un grand immeuble en verre, avenue des Champs-Élysées, proche de la place de l’Etoile. Des souvenirs de récits des parents, des photos en noir et blanc dans les rétrospectives d’années lointaines. L’époque petit minet, blouson noir et gomina ; jupe plissé et chaussettes hautes pour filles à papa pas si sages. Pourtant pour la génération d’après guerre, c’est Le lieu, façon Amérique des 60’s et les premiers émois du rock outre-Atlantique et Manche à la fois. Hamburgers et milk-shake d’avant Mcdo consommés au comptoir ; cigarettes importées et bas nylons Dim mis bien évidence sur les étagères. Et la musique furieusement nouvelle et rock avec des rangées et des rangées de 45 tours alignés sur les murs. Les Stones, les Beatles, Cliff Richard, les Shaddows ou The Who côté anglais ; Sylvie Vartan, les Chaussettes noires, Antoine, Johnny, Françoise Hardy ou Jacques Dutronc côté français.

Rue des Martyrs commence à cette époque, alors que Jérôme, minet chaussé en Weston, rêve de se voir sur la pochette d’un vinyle bien placé au Drugstore. Un monde qu’il tente d’approcher du haut des marches de l’immeuble en verre. Accompagné pour cela de Chouraqui, le meilleur pote, le frère, le suiveur, et de Gudule, surnom du troisième de la bande mais version féminine avec qui il couche quand l’envie lui prend. On suit l’histoire de Jérôme sur plusieurs décennies, et les changements d’époques, de codes, de musiques qui s’en suivent. Et quand celui-ci disparaîtra pendant quelques années, c’est son souvenir à travers Chouraqui qui prend le relais. Lorsque l’on connaît un peu la vie de Patrick Eudeline, on ne peut s’empêcher de penser à un roman à tendance autobiographique. Genre « oui, c’est moi, Jérôme… ».


Et puis, et alors ? Si le roman est bon, peu importe, non ? Oui peu importe car il est vraiment bon ce roman. Il se lit comme le diamant file sur les sillons, d’une traite, malgré quelques sursauts. Il est surtout ponctué de situations bien choisies, de sourires amusés, et parfois tristes, du regard un peu nostalgique sur cette époque pas si rose bonbon. Les années 1960 filent sur la face A ; la face B s’occupe du reste jusqu’à aujourd’hui version remix rock trash, aire d’Internet, du Baron et de fb. Une seule interrogation, le titre… Pas de rue des Martyrs citée à ma connaissance. Champs-Elysées, oui ; Saint-Germain des Prés, oui ; rue du faubourg Montmartre et le Palace, oui ; même Deauville… Mais pas de rue des Martyrs. Je compte sur vous pour éclairer ma lanterne. D’ici là, soyez Rock !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Á vous de jouer: Jolis petits mots, râleries ou déclarations d'amour... Tout est permis mais n'oubliez pas de signer!