Will Savage aurait pu être le premier des mohicans. Le premier à se démener pour un monde plus métissé, plus libre et surtout plus blues. Le premier pti mec du sud à se mettre du côté des anciens esclaves devenus domestiques et de leur musique. Will Savage aurait pu être un héros blanc de la cause noire et tout ça de façon très altruiste si toute sa vie il n’avait pas voulu faire chier son père, a en devenir Le dernier des Savage. Sauf qu’on ne peut pas lui en vouloir, arrêter ses études pour aller de club enfumés en club de blues, épouser une fille splendide et devenir producteur de musique, c’est bien plus tentant que d’aller en cours. En cours, Patrick Keane, lui y va. C’est d’ailleurs là qu’il a rencontré Will Savage, en cours préparatoire. Comme quoi les chambres en internat font parfois bien les choses.
Will Savage et Patrick Keane sont un peu le feu et la glace, amis aux caractères, envies, parcours, familles et destins si éloignés. Quand l’un voudrait prendre l’ascenseur social et que l’autre ne voudrait rien d’autres que gouter aux drogues dans les bouges musicaux de Memphis. L’histoire de cette amitié au long cours avec ses soubresauts, c’est Patrick qui la raconte; au milieu de sa vie, de leur vie entre Memphis et New York. Portraits croisés de ces deux garçons devenus hommes, l'un avocat l'autre producteur hippie, avec leur folie et angoisse. Portrait d’une amitié pleine de failles, d’une Amérique du Sud encore emprunte avec ces vieux démons. L’écriture de Jay McInerney en trame acerbe et critique. Ce livre est sorti il y a 13 ans mais je viens d’en faire la délicieuse découverte tout comme son auteur décapant. Comme c’est un poche n’hésitez pas à prendre le premier livre de Jay McInerney avec Bright Lights, Big City. Ecrit en 1984 mais si moderne qu’on le croirait écrit hier matin !
Le dernier des Savage est un très bon livre, je l'ai dévoré il y a quelques mois. Très pris dans cette amitié si particulière que l'on suit au cours des années avec délice.
RépondreSupprimerA conseiller également de cet auteur "Trente ans et des poussières" et sa suite "La Belle vie".
Shinee
ca me rappelle un bon moment passé dans une belle librairie au centre d'une grande ville du Sud Ouest .
RépondreSupprimerSincèrement votre
MR K (toute ressemblance avec le héros du roman de monsieur Kafka est simplement fortuite)
To Shinee: J'ai déjà en stock "La belle vie", j'attends un peu pour me jeter dessus! Merci et à bientôt.
RépondreSupprimerto mister K: En effet! Et promis je lis très vite "Le quart" de Nikos Kawadias.
Ah cette ambiance des Juke Joints et cette folie de Will Savage me manque parfois... C'est à ma connaissance le premier roman de McInerney qui ne se passe pas en ville. C'est un beau roman d'amour amitié autour d'un personnage incroyable. Le seul petit point qui m'a déçu, c'est le fait que McInerney n'est pas un mec aussi calé en musique que son pote Bret Easton Ellis, résultat c'est parfois un peu léger niveau référence mais c'est un très bon livre. Il reste, à ce jour, celui que j'ai le moins aimé de McInerney sachant qu'il ne me reste plus que Ransom à lire.
RépondreSupprimerTrès belle chronique soit dit en passant.
Cordialement
Dicky le Canard